martes, 16 de diciembre de 2014

Una tormenta de nieve, por Patrick Modiano


"D'autres nuits, la neige tombait et j'étais gagné par une impression d'étouffement. Nous ne pourrions jamais nous en sortir, Denise et moi. Nous étions prisonniers, au fond de cette vallée, et la neige nous ensevelirait peu à peu. Rien de plus décourageant que ces montagnes qui barraient l'horizon. La panique m'envahissait. Alors, j'ouvrais la porte-fenêtre et nous sortions sur le balcon. Je respirais l'air froid qu'embaumaient les sapins. Je n'avais plus peur. Au contraire, j'éprouvais un détachement, une tristesse sereine qui venaient du paysage. Et nous là-dedans? L'écho de nos gestes et de nos vies, il me semblait qu'il était étouffé par cette ouate qui tombait en flocons légers autour de nous, sur le clocher de l'église, sur la patinoire et le cimetière, sur le trait plus sombre qui dessinait la route à travers la vallée".

Patrick Modiano, Rue des Boutiques Obscures